LE PROJET
ARTS & BIODIVERSITÉ
Penser la diversité du vivant.
Les arts de la scène peuvent-ils apporter leur créativité aux mutations énergétiques, environnementales, comportementales, politiques, qui s’annoncent ?
La poétique, la machine théâtrale, le récit du vivant, et le développement durable peuvent-ils cheminer ensemble ?
Pourtant la biodiversité n’est pas seulement la valeur
« patrimoniale » qu’on peut - et qu’on doit - accorder à la nature et aux êtres qui peuplent la terre. C’est aussi une essence plus indicible, qui se cache profond au sein des langues, des cultures, des pratiques. C’est considérer qu’il faille percevoir, écouter, préserver le monde sensible qui est induit par le monde réel, et le modifie, forcément.
Nos perceptions du réel sont de nature à interférer avec le développement - ou la raréfaction, l’atrophie - de la nature et des vivants. Une langue qui se brise, une culture qui disparaît, c’est une population qui appauvrit son écosystème de relations avec le monde, c’est un désert des sens qui se fait jour.
La musique, les arts plastiques, le théâtre, la danse, la poésie sont constitutivement empreints de(s) la(des) culture(s) qui les véhiculent. L’acte d’apprendre, l’initiation, la répétition des gestes, l’observation, l’imitation, l’invention de systèmes de signes nouveaux sont autant de pratiques qui ont à voir avec la biodiversité. L’homme ne doit sa survie, à l’échelle des temps, qu’à sa faculté de mise en partage et de transmission. L’activité humaine produit une incidence significative sur tout l’écosystème.
Aujourd’hui, il nous faut interroger les évolutions du vivant sous toutes ses formes perceptibles à l’échelle de l’Anthropocène. L’enjeu artistique est fondamental car il créé un mouvement de va et vient entre l’imaginaire, sa sémiologie, et le monde dans sa réalité, où on peut « lire » à chaque instant, partout dans le monde, les effets de l’activité humaine, et souvent, les catastrophes engendrées par elle lorsqu’elle oublie de raisonner ses actes.
Or la conscience est bien le lieu de sauvegarde de l’humanité et de la nature.
Il nous faudra donc inventer le point de départ de rencontres - c’est déjà la naissance de la biodiversité - où puissent être rendues visibles des qualités d’exploration et de mise en exergue de la diversité des langues et langages, des écritures et des signes, des symboles et des idées, des formulations et des expressions.
Considérer l’autre. Que cet autre soit être vivant, homme ou femme, animal, ou encore pierre, nuage ou végétal, considérer l’autre comme existant.
Devrait-on se prévaloir de la bio-altérité ? Comment susciter le dialogue entre scientifiques, expert.e.s, artistes, citoyen.ne.s, chercheur.euse.s, philosophes ?